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Le grand retour de l'indomptable Philippe Brach


Magazine Le Juliette

2023-10-05

Il y a quatre ans, Philippe Brach a pris la décision de se tenir loin des projecteurs. Il a donc profité de cette absence dans la mire médiatique pour voyager, faire la mise en scène du spectacle de Yannick De Martino et d’Étienne Coppée, pour finalement travailler au sein d’organismes communautaires. En mars dernier, l’auteur-compositeur-interprète a annoncé via ses réseaux sociaux qu’il revenait en force avec un quatrième album intitulé Les gens qu’on aime.

Pour l’occasion, nous avons eu le privilège de lui poser quelques questions.

Tu as passé plusieurs années loin de la mire médiatique pour te concentrer sur d’autres projets. Malgré cette longue pause, tu as voulu enregistrer ton album en un mois seulement. Pourquoi avoir ce sentiment d’urgence dans l’enregistrement de cet album?

J’ai eu un crash physique de plusieurs semaines qui, mélangé au timing de la longue pause musicale, a créé une envie de retourner voir les gens et de retourner en studio. La composition s’est faite rapidement, tout comme la production de l’album. Je pense qu’une démarche aussi rapide a favorisé une fébrilité, une effervescence qui a poussé tout le monde en studio à exploiter leur plein potentiel. Là, ça sonne comme du jargon de coach de vie, mais je le pense pareil. La petite fenêtre de temps qu’on avait pour se remettre en question durant la production de l’album a permis de ne pas trop « cérébraliser » l’esthétique sonore et les « tones », contrairement à la composition des pièces qui, elle, est beaucoup plus réfléchie. Il y a quelque chose de brut dans le résultat qui se serait fort probablement adouci ou effacé si on s’était permis plus de recul dans le processus d’enregistrement.

Tu reviens dans le décor culturel principalement pour le plaisir de jouer sur scène. Qu’est-ce qui se passe sur scène qui ne se passe pas nécessairement en studio? 

C’est le plaisir de jouer sur scène, devant le public, de sentir l’espèce de grondement émotionnel qu’il y a dans un rassemblement où les gens sont somme toute tous là pour les mêmes raisons; la musique. En studio, on est une gang de musiciens qui tripent pis qui essayent des affaires, tandis qu’en spectacle, on savoure tout ça pis on essaye de le rendre de la façon la plus sentie possible. Je le vois un peu comme si le studio, c’était cuisiner, et le spectacle, c’était déguster. Je ne sais pas pourquoi j’en arrive à cette analogie bâtarde là, mais c’est surtout pour dire que ce sont deux buzz complètement différents qui se valent. Ceci dit, il y a aussi tout ce qui se rattache à la tournée qui me crinque. Aller voir le monde. Visiter le Québec. Être constamment en mouvement. C’est une drive que je retrouvais en voyage et faire de la tournée est ce qui se rapproche le plus de cette vibe-là. Il y a un côté unique à chaque représentation et j’en profite énormément pour parler aux gens (en dehors du contexte du spectacle) et aborder plein de sujets. J’ai l’impression que ça m’aide un peu mieux à comprendre la variété et la densité de la société à laquelle j’appartiens.

Les photos/vidéos promotionnelles qui circulent présentent un Philippe Brach aux traits du visage effacés. Qu’est-ce que cela représente?

Je prends depuis longtemps un malin plaisir à tordre et à transformer mon image. Il y a un paradoxe avec mon travail qui fait que si je veux faire le tour du Québec avec ma musique, étant incapable de faire de la musique improvisée ou de bien rendre les chansons des autres, il faut idéalement qu’elle se rende aux oreilles de gens avant. Donc faut-il à quelque part que j’existe publiquement? Je suis constamment en remise en question par rapport à ça et ne sais pas trop où je me situe là-dedans, mais j’ai le sentiment d’être plus que jamais à la bonne place. De plus, j’ai toujours aimé le cinéma, le jeu théâtral, les maquettes, les prothèses de film d’horreur, les masques. Ça me permet d’être là sans être là, de passer des messages en étant quelque chose d’autre. Alors, j’essaye de trouver un équilibre entre mon désir de ne pas exister publiquement et celui de me produire en spectacle et de vivre de ça. Faire des niaiseries et jouer la comédie m’aide beaucoup à négocier cette balance-là!

Que veux-tu que les gens retiennent de ce nouvel album?

Que les gens qu’on aime vont tous mourir et qu’il faut arrêter de niaiser et profiter de leur présence. C’est vraiment basic, mais on revient toujours à la base, j’ai l’impression. #coachdevie

Philippe Brach sera de passage au Centre des arts JulietteLassonde le vendredi 8 décembre 2023. Cliquez ici pour vous procurer des billets.


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