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Un nouveau défi pour Guylaine Tanguay


Entrevue // Magazine Le Juliette

2024-10-07

— Par Marie Eve Archambault

Vous avez rendu hommage à Karl Tremblay, chanteur des Cowboys Fringants. Quelle a été sa place dans votre vie?

Il [Karl Tremblay] a livré son combat contre la maladie de façon remarquable. Parfois, il se retrouvait sur scène après un traitement de chimiothérapie! Lorsque j’ai vu ça que je me suis dit : « Quelle force il a de continuer d’avancer à travers tout ça. » Il a amené beaucoup de lumière dans la vie de beaucoup de gens. Je trouve que des Karl Tremblay, il y en a dans chaque famille. Des Karl Tremblay qui se battent en silence. Lui, il l’a fait devant les caméras, les téléphones, les réseaux sociaux… Karl Tremblay a laissé ses paroles et ses chansons. Je trouve ça beau. Je veux qu’on n’oublie jamais Karl Tremblay et tout ce qu’il a laissé.

Vous avez aussi adressé une chanson à vos détracteurs! Pourquoi cela?

Tout est arrivé avec la pandémie. Les gens ont lâché beaucoup de haine à la suite d’une émission où j’ai dit que j’étais vaccinée et que je respectais les règles pour pouvoir reprendre les spectacles parce que c’est important pour l’équilibre mental de tout le monde. J’ai reçu des insultes et des menaces de mort. C’est devenu très lourd.

Ce qui m’a choquée là-dedans, c’est que je me suis imaginé les enfants dans les cours d’école alors qu’ils se font agresser verbalement. C’est de l’intimidation. C’est ce que j’ai reçue. Je suis une adulte et j’ai été ébranlée. Je me suis dit : « Dans la vie, il ne faut pas accepter ça. Vous n’avez pas le droit de prendre vos comptes Facebook et de m’insulter, de me faire peur et de me menacer. » Les adultes doivent donner l’exemple. Il faut dénoncer ça.

Vous n’en êtes pas à votre premier rodéo à Saint-Hyacinthe. Dans la région, on a vu grandir des Willie Lamothe, Bobby Hachey et Renée Martel. Quel est votre rapport avec la région?

C’est très fort. Saint-Hyacinthe, c’est un château fort pour moi. C’est toujours agréable d’y être parce qu’on se sent attendue. Les gens ont leur billet depuis longtemps. Ce sont des spectateurs qui participent beaucoup. On les sent présents. On veut entretenir la relation avec eux parce que c’est très puissant. Même ma collection de vêtements se vend bien à la boutique Marise à Saint-Hyacinthe. Il y a vraiment quelque chose de fort qui se passent entre les Maskoutains et moi.

Pouvez-vous m’en dire plus sur votre collaborations avec les boutique Marise?

Ça fait quelques années que le propriétaire des boutiques Marise m’a sollicitée. Les clientes allaient dans son magasin avec des photos de moi en leur demandant s’ils avaient le morceau de vêtements que je portais. Les vêtements qu’on trouve dans ces magasins ne me ressemblent pas vraiment. C’est pour cela que j’ai voulu ma propre collection. J’ai voulu mettre mon grain de sel, de la même façon que je le fais dans la musique.

Guylaine Tanguay sera de passage au Centre des arts Juliette-Lassonde le samedi 9 novembre 2024.

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Les chansons reprises par Guylaine Tanguay sont dans le coeur des Québécois depuis plusieurs années. Mais saviez-vous que la reine du country avait le désir d’écrire ses propres chansons? Pour une première fois en carrière, Guylaine Tanguay arrive avec C’est ma vie, un album de compositions originales qui se veut personnel et sincère, deux mots qui décrivent bien l’artiste. Avec toute la sensibilité qu’on lui connaît, l’artiste a accepté de nous dévoiler les inspirations derrière certaines de ses chansons.

La tournée C’est ma vie commence à l’automne prochain. Comment avez-vous monté ce nouveau spectacle?

Je ramène toute la famille cet automne avec mes cinq musiciens sur scène et mon équipe. La base de ce spectacle c’est l’album C’est ma vie au complet. À ça, on rattache des reprises, des chansons d’autres albums, des chansons que je fais surtout en spectacle. C’est ma vie, c’est vraiment un spectacle sur ma vie. J’ai choisi les sujets des chansons. J’ai participé à l’écriture et à plusieurs arrangements. Pour moi, c’était important d’amener les gens dans des histoires qu’ils connaissent, mais qui sont aussi importantes pour moi.

Vous avez rendu hommage à votre frère en lui dédiant la chanson « Et si le temps ». Comment s’est passé votre processus de création?

Je suis débarquée chez l’auteur-compositeur-interprète Rick Allison un matin et je me demandais si je pouvais écrire. J’ai décidé de parler de ce qui me concerne beaucoup à travers la maladie de mon frère, c’est-à-dire le temps. On a parlé. On a écrit. J’ai pleuré pour finir avec cette chanson-là. Pour moi, ce fut la preuve que je pouvais me commettre à l’écriture. Je voulais quelque chose de très spontané et de très vrai, à l’image de ce que je suis. C’est ce qu’on a réussi à faire. C’était une grande fierté pour moi parce que je n’ai pas eu à inventer des histoires pour faire des chansons. J’ai vraiment été 100 % moi-même.

Je pense que le mot « authenticité » vous représente bien.

Les gens sont proches de moi justement pour tout ça. Ceux qui ont décidé de me suivre depuis le début, ils sont encore là parce qu’ils sentent que je suis proche d’eux, que je vis les mêmes affaires qu’eux. Je ne me suis pas inventé un personnage de scène. Je ne peux pas me trafiquer et me déguiser pour être aimée.

Dans « Je n’oublierai jamais », vous parlez de vos idoles. Maintenant, vous êtes l’idole de plusieurs. Vous semblez garder en tête la petite fille qui a eu la chance de les côtoyer. Est-ce pour cette raison que vous donnez beaucoup de temps à vos fans?

Il y a eu des chanteurs qui ont vraiment changé ma vie, qui l’ont inspirée et qui le font encore aujourd’hui. Maintenant que c’est à mon tour, je veux que ce soit fait d’une façon humble, saine et respectueuse. C’est comme ça que je vois ma relation avec le public. Pour moi, les fans sont une partie de ma vie qui est aussi importante que ma famille. Je veux qu’ils se sentent bien lorsqu’ils sont en ma présence. Je veux qu’ils se sentent importants parce qu’ils le sont. Tant que mes fans seront là, je ne lâcherai pas.

Il y a aussi une belle ballade sur votre petit-fils. Vous semblez épanouie dans votre rôle de grand-maman.

C’est devenu tellement important dans ma vie! La vie nous donne des coups très difficiles, mais elle se fait pardonner en nous donnant des choses magiques et uniques comme la naissance d’un petit-fils. Ça rééquilibre tout.

Et vous sembliez avoir une belle relation avec votre grand-mère qui lui vaut la chanson « De l’autre côté de la route ». Tentez-vous de reproduire ce modèle?

Ma grand-mère Simone est une personne qui a été vraiment importante dans ma vie. Elle a beaucoup contribué à mon bonheur, à ma force comme femme, à ma façon de m’affirmer dans la vie, de mettre mon pied à terre, tout en gardant un coeur toujours léger sans accumuler des frustrations. Elle m’a amenée à voir la vie de façon plus lumineuse. Je veux reproduire ce modèle-là. Souvent, mes tantes me disent : « Tu me fais penser à grand-maman. Tu as beaucoup de Simone en toi. » Quand on me dit ça, c’est le plus beau des compliments.


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